Télétravail

Comment négocier pour faire du télétravail ?

Publié par Sélim Niederhoffer

Dernière mise à jour : 11 octobre 2021
|8 lecture min.

Avec la crise sanitaire du Covid-19, la pratique du télétravail a explosé.

Les entreprises et les salariés ont en effet dû s’adapter, et le télétravail est alors devenu une solution de secours pour tous ceux qui ne sont pas en première ligne (personnel soignant, livreurs, hôtesses de caisse…)

Mais le télétravail s’est finalement révélé être parfois très agréable pour les employés, et être rentable pour leurs employeurs.

Si vous faites partie de ces salariés qui ont pris goût au travail à la maison, découvrez ici comment négocier le télétravail avec votre patron.

La rentrée est proche, et on entend de plus en plus de managers et de patrons revenir à leur modus operandi du monde d’avant : ils aimeraient bien mettre un terme au télétravail, et rapatrier toutes les équipes dans les bureaux.

Dans certaines entreprises en effet, le télétravail a été pris comme une solution d’urgence, comme un sparadrap pour faire tenir la situation, mais n’a pas été envisagé comme une possible évolution durable du mode de travail.

Si vous avez aimé travailler à la maison parce que vous vous êtes senti plus libre, plus productif, ce retour au “monde d’avant” risque d’être compliqué.

Alors pourquoi ne pas tenter de négocier le télétravail pendant 2 ou 3 jours par semaine ?

Dans votre négociation, vous devrez avant tout faire comprendre à votre employeur qu’il retirera des bénéfices, bien plus que de soucis, à vous accorder le télétravail.

Pour cela, vous devez trouver et utiliser les bons arguments pour le convaincre.

Exposez-lui les bénéfices et les avantages d’accepter que vous télétravailliez, et préparez-vous à contrer ses objections.

1/ Vous serez plus productif

Un argument très utile à exposer à votre patron, c’est celui de la productivité.

D’après une étude commandée par la Direction Générale des Entreprises (DGE), le télétravail permet aux entreprises d’augmenter la production et la productivité de 5 à 30 %.

Rien d’étonnant en sachant que cette pratique du travail à la maison vous permet d’économiser un temps, et une énergie conséquente dans les transports.

En moyenne, les Français vivant en province, passent 1 heure dans les transports chaque jour pour aller et revenir de leur travail, selon une étude de l’INSEE.

La durée des trajets domicile-travail et travail-domicile, passe à 1h30 par jour pour les actifs et étudiants d’Ile-de-France.

Faites alors comprendre à votre employeur que le temps et l’énergie que vous perdez dans les transports, sont des ressources en moins pour être efficace dans votre travail. 

Les transports en commun, pour en brosser un portrait sombre à votre patron, c’est

  • à la fois perdre du temps,
  • risquer votre santé dans des espaces mal ventilés,
  • risquer votre santé mentale à cause du harcèlement (des études montrent que 100% des femmes interrogées ont déjà été harcelées dans les transports en commun).

De plus, grâce au télétravail, vous travaillez selon votre rythme idéal.

Car oui, nous n’avons pas tous les mêmes horaires de productivité.

Certaines personnes sont très productives le matin et pas du tout l’après-midi, alors que pour d’autres c’est l’inverse.

Rassurez votre patron en lui expliquant que vous maîtrisez les outils, que vous savez mener des visioconférences productives, et que vous appliquez les meilleurs conseils pour être productif en télétravail.

2/ Vous lui ferez gagnez de l’argent (en lui permettant de réaliser des économies)

Pour ce deuxième point, gardez bien en tête l’état d’esprit du patron, du manager : quelles sont ses motivations ? Qu’attend-il de vous pour atteindre SES objectifs ?

Négocier le télétravail, c’est comme négocier une augmentation de salaire : ça se prépare, et vous devez penser aux arguments financiers qui jouent en votre faveur.

Comme tout bon patron, votre employeur est probablement très sensible au fait de gagner de l’argent.

Donc quand vous négociez des jours de télétravail, profitez-en pour mettre en avant des arguments qui prouvent que vous lui ferez gagner de l’argent !

Grâce au télétravail, vous lui permettez en effet de réduire différents coûts.

Tout d’abord, vous réduisez les coûts de transport, si votre employeur participe par exemple en partie au paiement de votre abonnement de transport.

Ensuite, grâce au télétravail, vous faites baisser ses charges d’énergie (eau, électricité, ventilation...).

Et surtout, vous lui permettez de faire une grosse économie sur l’une des plus grosses charges : le loyer.

 J’allais presque oublier le coût des masques, qui incombe à de nombreux patrons. La sécurité avant tout !

Si votre patron accepte, voire propose à ses employés de télétravailler une partie de la semaine, il pourra organiser un roulement de présence dans les bureaux.

Ainsi, les salariés n’ont plus de bureaux personnels, et l’employeur peut réduire la surface des bureaux et donc faire de grosses économies.

3/ Proposez une “période d’essai” en télétravail

Si vous voyez que votre patron reste quand même frileux, rassurez-le en lui proposant une période d’essai de télétravail.

Engagez-vous à essayer le télétravail pendant quelques semaines pour prendre le rythme.

Puis voyez si ce nouveau mode de fonctionnement vous convient à vous, et à votre employeur.

Si l’un de vous n’est pas satisfait de ce nouveau mode de travail, alors vous reprendrez le travail en présentiel.

Insistez bien sur le fait qu’en acceptant votre proposition, il ne prend aucun risque.

Mais évidemment, n’essayez pas de négocier du télétravail à plein temps dès le début.

Commencez par négocier deux journées de télétravail par semaine.

Puis si tout se passe bien et que votre boss en est satisfait, négociez progressivement pour 3 puis 4 journées de télétravail, voire même pour du temps plein si vous atteignez vos objectifs.

4/ Préparez vos réponses aux objections d’un boss qui refuserait le télétravail

Pendant cette négociation pour faire du télétravail, attendez-vous à ce que votre patron émette des objections s’il est méfiant.

Comme pour un entretien d’embauche, vous devez être prêt pour répondre à ses objections.

Vous allez avoir du mal à contourner les 3 résistances principales des patrons :  

  1. L’absence de confiance dans les équipes, l’infantilisation des salariés
  2. couplée à une culture toxique du présentéisme
  3. Le besoin d’affirmer leur pouvoir de petit chef (ou de grand chef)

La première objection que votre patron est susceptible de vous opposer, est le fait qu’il souhaite garder le contrôle sur ce que font les employés.

Face à cette objection, vous pouvez lui dire que votre travail sera toujours rendu en temps et en heure.

 Parmi les patrons interrogés sur la question du télétravail, une patronne d’agence de communication confirme le souci de confiance quand on lui pose la question : “pourquoi forcez-vous vos équipes à revenir au bureau”. Elle y répond en ces termes : “Parce qu’ils se foutent de moi à la maison !”

Rajoutez qu’en plus, d’après le Commissariat Général à l'Egalité des Territoires (CGET), le télétravail permet de faire baisser l’absentéisme et le turn-over !

Mais s’il possède un puissant besoin de fliquer, dites-lui que vous pouvez utiliser un logiciel de pointage en ligne, pour qu’il puisse surveiller vos horaires.

Et enfin, s’il vous dit que le télétravail est mauvais pour l’esprit d’équipe, dites-lui que pourrez toujours faire des réunions de groupe pour garder un esprit d’entreprise.

Le télétravail aura aussi l’avantage d’éliminer les querelles et les potins entre collègues, ce qui améliorera largement la cohésion de groupe.

 Pourquoi ne pas lui proposer de mettre en place des déjeuners d’équipe en visioconférence ? Certaines cantines d’entreprise ont décidé de livrer à domicile pour s’adapter au télétravail !

Et si jamais votre patron n’est toujours pas ouvert au télétravail, essayez de piquer son ego en lui expliquant que les entreprises concurrentes, celles qui sont devant vous, le pratiquent sans souci. Ca devrait le toucher !

 5/ Osez la comparaison : même les plus grosses entreprises sont OK pour le télétravail !

 Si jamais les entreprises concurrentes n’acceptent pas non plus le télétravail, faites appel aux leaders du marché pour sauver votre négo :

  • Facebook fait travailler entre 90 et 95% de ses salariés en télétravail en ce moment et d’ici 5 à 10 ans, cela pourrait être la nouvelle norme pour 50% des effectifs.
  • Après une annonce initiale qui garantissait le télétravail jusqu’à fin décembre 2020, Google vient de l’étendre à juin 2021.
  • Récemment, c’est Uber qui a rejoint le mouvement : la patronne Dara Khosrowhahi a en effet annoncé le 4 août 2020 que l’entreprise encourage le fait de rester à la maison, mais n’en fait pas une obligation.

Et si vraiment votre patron fait la sourde oreille, vous pouvez toujours chercher une entreprise plus flexible sur le télétravail : consultez nos offres d’emploi, les différents employeurs mentionnent de plus en plus souvent la possibilité ou non de télétravail !

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