Conseils et Témoignages

Travailler en Suisse

Publié par Sélim Niederhoffer

Dernière mise à jour : 7 sept. 2022
|11 lecture min.

Attiré par des revenus séduisants, vous vous demandez comment faire pour travailler en Suisse ? Quels sont les métiers qui recrutent et les métiers les mieux payés au pays de Roger Federer ? Trouver un employeur sur place ou même depuis chez vous : c’est possible quand on est Français ? Travailler en Suisse et vivre en France : est-ce vraiment le bon plan pour mieux gagner sa vie ?

Salaires, secteurs dynamiques, compétences recherchées, coût de la vie, démarches administratives… Dans cet article, découvrez toutes les informations pour trouver le job de vos rêves, le décrocher, et préparer votre départ au pays du chocolat.

Est-il facile de trouver un emploi en Suisse ?

Voici 3 faits qui vous rassureront sur la possibilité de trouver un emploi en Suisse :

  1. Avec 2,4 % de chômeurs en mars 2022, la Suisse détient un des taux de chômage les plus bas d’Europe et son taux le plus bas depuis 10 ans.
  2. Le marché de l’emploi est stable et les offres d’emploi sont nombreuses.
  3. Les employeurs suisses recherchent du personnel qualifié aux compétences variées, ils n’hésitent pas à recruter de la main-d’œuvre étrangère.

Pour nuancer cet état des lieux positif, notez que les étrangers vivant en Suisse sont près de 3 fois plus au chômage que les Suisses (respectivement 4,3 % contre 1,6 %).

Sur le nombre total de chômeurs inscrits, les Suisses représentent 51 % des demandeurs d’emploi contre 49 % d’étrangers.

À savoir également, la Suisse alémanique est moins au chômage (2 %) que la Suisse romande et le Tessin (3,2 %).

On reste tout de même sur un taux de chômage très faible, surtout comparé au taux des Français sans emploi qui était de 7,4 % à la fin du trimestre 2021 (source : INSEE).

En clair, même en temps qu’étranger, il vous sera théoriquement plus facile de décrocher un emploi de l’autre côté de la frontière qu’en France !

Étudiez les particularités du marché de l’emploi helvète et peaufinez votre candidature pour mettre toutes les chances de votre côté.

Quels sont les métiers qui recrutent en Suisse ?

Si le marché de l’emploi en Suisse est très dynamique, nombre d’entreprises peinent à recruter.

Avec 83% des entreprises suisses qui rencontrent des difficultés à dénicher des talents en 2021 (contre 50% en 2019), la Suisse est le 4ème pays d’Europe le plus touché par la pénurie de main-d'œuvre.

En clair, la Suisse vit actuellement sa pire pénurie de personnel depuis plus de 15 ans.

Voici le Top 10 des métiers qui posent le plus de difficultés en termes de recrutement (le vôtre en fait-il partie ?) :

  1. Ouvrier qualifié : électriciens, soudeurs, mécaniciens…
  2. Représentant de commerce.
  3. Cadre et dirigeant d’entreprise.
  4. Chauffeur poids-lourd
  5. Profil administratif, support de bureaux : assistant, réceptionniste…
  6. Ingénieur : chimie, mécanique, génie civil, électricité…
  7. Spécialistes : notaire, juriste, chercheur, chef de projets…
  8. Personnel de maison et nettoyeur.
  9. Comptable, expert-comptable, commissaire aux comptes.
  10. Analyste financier.

D’autres secteurs sont particulièrement touchés par la pénurie d’employés et sont donc ouverts au recrutement :

  • L’informatique : programmeur, chef de projet informatique, ingénieur système…
  • Les assurances, les banques et autres activités immobilières.
  • La santé : médecins, infirmiers, aides-soignants... Comme dans beaucoup de pays, la tension dans ce domaine s’est renforcée depuis l’apparition de la pandémie de COVID-19. L’industrie pharmaceutique et les biotechnologies rencontrent aussi des difficultés à recruter.

Pourquoi les entreprises suisses ont du mal à recruter

La “digitalisation” de nombreux secteurs et les conséquences de la pandémie de Coronavirus ont instauré de nouveaux comportements et de nouvelles attentes de la part des candidats, comme du côté des entreprises.

Des attentes qui ne se rejoignent pas forcément.

Notamment, les entreprises suisses recherchent des candidats ayant des compétences métier mais également des compétences interpersonnelles : des soft skills très recherchés, parmi lesquelles :

  • le leadership et l’influence sociale,
  • la pensée critique et les compétences analytiques,
  • la résilience, la résistance au stress et l’aptitude à s’adapter à un nouvel environnement,
  • l’approche par la résolution de problèmes,
  • la prise d’initiatives.

Pour remédier à leurs difficultés, les entreprises suisses ont mis en place des mesures qui pourraient vous intéresser, notamment :

  • Des salaires plus élevés à l’embauche,
  • Des prestations et avantages supplémentaires lors du recrutement,
  • De nouveaux modèles d’organisation du travail (télétravail).

Comment trouver un travail en Suisse ?

Pour optimiser votre recherche d’emploi en Suisse, commencez par travailler votre candidature.

Adaptez votre CV

Le CV suisse comporte des spécificités sur le fond et sur la forme.

Par exemple, celui-ci peut tenir sur plusieurs pages (2 ou 3).

Pour chaque mission de l’emploi que vous mentionnez, n’hésitez pas à détailler vos principales réalisations concrètes et si possible, chiffrez-les !

Ex : “Augmentation de 7 % du nombre de clients en 2 ans grâce aux actions de marketing direct.”

Listez 1) vos compétences 2) avec discernement : choisissez les plus adaptées à l’emploi que vous sollicitez et qui intéressent le recruteur.

Vos compétences résument ce que vous avez appris tout au long de vos études, votre formation et votre vie professionnelle : ce sont des tâches mêlant savoir-faire (hard skills) et savoir-être (soft skills) et qui peuvent être définies par ce que vous avez fait au quotidien dans vos jobs.

Quelques exemples de compétences :

  • Capacité de négociation”,
  • “Capacité à résoudre des situations de conflit”,
  • “Forte résistance au stress”,
  • “Capacité d’écoute pour bien définir les attentes des clients”,
  • “Capacité d’élocution”,
  • “Aptitude à connaître les produits de la concurrence”.

Présentez vos compétences soit en début de CV, détachées de vos missions, soit dans une rubrique spécifique (particulièrement adaptée aux profils techniques).

Ensuite, la Suisse est un pays polyglotte : suisse allemand, allemand, français, italien, anglais sont les 5 langues couramment parlées en fonction des régions et des secteurs professionnels. Indiquez clairement votre niveau de langue.

Parler l’allemand est un plus indéniable. Mais la langue des affaires est l’anglais. Rédigez votre CV en Anglais [insérer lien vers article “Rédigez votre CV en Anglais”], le cas échéant.

En tant que frontalier, indiquez si vous avez un permis de travail. Un attribut qui rassurera votre employeur et lui évitera des démarches administratives. Si vous n’avez pas de permis en revanche, n’indiquez rien.

En résumé, gardez à l’esprit les deux choses majeures que recherchent les recruteurs dans un CV : vos compétences et les résultats concrets que vous avez obtenus.

Enfin, une lettre de motivation et une copie de vos diplômes vous seront également demandées, de même que des références (gardez les coordonnées de la personne concernée pour l’entretien) et des lettres de recommandation.

Comment chercher un emploi en Suisse ?

Pour trouver un emploi en Suisse, deux solutions s’offrent à vous : soit vous cherchez un travail depuis la France, soit une fois sur place. Si vous êtes frontalier, les deux options s'offrent à vous pour multiplier vos chances.

Depuis la France

La plupart des travailleurs trouvent leur emploi à distance, depuis la France. Combinez les 3 méthodes suivantes :

Conseil : pour mettre toutes les chances de votre côté, placez une alerte afin d’être averti d’une nouvelle offre d’emploi dès sa parution.

Méthode #2 : le bouche-à-oreille. Si vous avez un contact sur place, demandez-lui de vous mettre en relation avec vos voisins helvètes.

Méthode #3 : les réseaux sociaux sont un lieu intéressant pour faire des rencontres qui pourraient vous aider à trouver un travail en Suisse. Abonnez-vous aussi à des pages spécialisées.

Sur place

En tant que citoyen de l’Union européenne, vous pouvez séjourner en Suisse comme touriste pendant 3 mois consécutifs. Sur une période de 12 mois, la durée maximale de votre séjour ne peut excéder 6 mois (2 x 3 mois).

Profitez de cette période pour effectuer vos recherches d’emploi et vous inscrire dans des agences de recrutement.

Quel salaire en Suisse ?

Le salaire médian suisse était de 5 602,84 € en 2020, contre 1836 € en France (source : Insee, 2019). Une rémunération qui fait rêver nombre de Français.

En termes de temps de travail, une étude de l’OCDE indique que le Suisse travaillait en moyenne 1495 heures en 2020.

Une fois ces heures converties en journées de travail de 8 heures, le Suisse travaillait donc 24 journées de moins que la moyenne des pays de l’OCDE (1687 heures) et près de 12 jours de plus que le Français (1402 heures).

Des chiffres en baisse par rapport aux années précédentes, sans doute impactés par la pandémie de COVID-19. Avant 2020, le nombre d’heures de travail moyen pour un Suisse tournait aux alentours de 1550 heures, soit près de 194 journées de 8 heures de travail par an.

Comment est calculé mon salaire en Suisse ?

Tout d’abord, sachez que la Suisse ne dispose pas de salaire minimum au niveau fédéral ou cantonal. Toutefois, certaines conventions collectives prévoient un salaire minimum.

Votre rémunération inclut généralement un treizième mois.

Le salaire en Suisse est versé sur la base de 41,7 heures hebdomadaires, dépassant de 6,7 heures le temps de travail légal en France (35 heures).

La loi fédérale suisse impute le coût de l’assurance maladie au salarié (contrairement à la France). Selon l'Office Fédéral de la Statistique en Suisse (OFS), un ménage consacre en moyenne 6 648 Francs suisse (6 492,22 €) par an pour une couverture de base.

Une dépense à ajouter au coût de la vie élevé. Pensez-y lorsque vous négociez votre salaire !

Quel est le coût de la vie en Suisse ?

Avec un salaire médian séduisant, la Suisse paraît pour beaucoup de Français comme un Eldorado.

C’est peut-être le cas pour les frontaliers, résidant en France, qui bénéficient d’un coût de la vie moindre que chez le voisin helvète.

Mais si vous vous installez sur place, gardez à l’esprit que le coût de la vie en Suisse reste élevé. Vous devrez négocier votre salaire en conséquence.

En plus de l’assurance maladie dont le coût risque de peser fortement sur votre revenu mensuel, considérez les éléments suivants :

  • Logement : à Zurich, Genève et Berne, lieux d'expatriation populaires, un T2 en ville coûte environ 1 460 CHF (1 375 €) par mois. En dehors de la ville, la moyenne baisse à 1 131 CHF (1 065 €). Pour une famille de quatre personnes, comptez sur un loyer compris entre 2 000 à 3 000 CHF (1 800 à 2 800 €).
  • Charges : électricité, chauffage, eau et gaz coûtent en moyenne 184 CHF (173 €) par mois pour un appartement de 85 mètres carrés. Un forfait Internet revient à environ 60 CHF (56,5 €) par mois.
  • Transports en commun : une carte de transport mensuelle (tramways, trains, bus, bateaux) coûte aux alentours de 75 CHF (73,23 €).
  • Voiture : le carburant coûte environ 1,60 CHF (1,56 €) par litre. En plus de l’assurance auto, vous devrez ajouter les taxes cantonales et le permis de stationnement. Posséder une voiture coûte en moyenne 30 % plus cher à un résident suisse qu’à ses voisins européens.
  • Nourriture : prévoyez un budget individuel de 450 CHF (424 €) par mois pour vous nourrir, au moins 1 000 CHF (942 €) pour une famille.
  • Éducation : comptez environ 2 219 CHF (2 168 €) par mois pour une garderie privée à temps plein. L'enseignement public en Suisse est gratuit (attention à la langue officielle de votre canton !). Une école bilingue (langue du canton + anglais) coûte jusqu'à 25 000 CHF (24 434 €) par an et par enfant. Enfin, une école internationale privée peut coûter jusqu’à 100 000 CHF (97 737 €) par an.

Comment travailler en Suisse quand on est Français ?

Vous avez décroché un entretien ou trouvé un emploi en Helvétie ? Il vous reste quelques démarches à accomplir :

  • Pour travailler en Suisse, vous devez posséder un permis de travail délivré par les autorités cantonales. Lequel est fait pour vous ? Lisez le chapitre ci-dessous pour en savoir plus.
  • Négociez votre salaire suisse : déterminez votre salaire avant de vous rendre à votre entretien d’embauche. Informez-vous sur la grille des salaires suisses au préalable.
  • Les cotisations sociales : le droit d’option frontalier vous laisse le choix entre la couverture maladie française (CMU) ou suisse (LaMal).
  • La fiscalité : si vous êtes frontalier, des accords bilatéraux (ALCP) réglementent votre statut. Vos revenus ne sont imposés que dans l’État de résidence tout en bénéficiant des avantages fiscaux et sociaux de votre État d’emploi. Afin d'éviter de payer deux fois vos impôts, vous devrez remplir une attestation de résidence fiscale française des travailleurs frontaliers franco-suisses. L’impôt sur le revenu suisse s’élève de 20 % à 40 % en moyenne selon votre revenu. En France, le taux d’imposition moyen est de 30 %.

Note : vous êtes considéré comme frontalier fiscal si vous faites l'aller-retour entre la France et la Suisse quotidiennement ou que vous ne passez pas plus de 45 nuitées en Suisse par an si vous êtes salarié à temps plein. Dans ce cas, vous payez vos impôts en France (ou dans votre pays de résidence).

Quel permis pour travailler en Suisse ?

Vous devez posséder un permis de travail pour pouvoir travailler légalement en Suisse.

Lequel vous faut-il ? Voici un tableau résumant les permis de travail accordés aux ressortissants européens :

Permis Durée Emploi Validité
B Pour les résidents longue durée Contrat de travail ou promesse d’embauche d’un an minimum 5 ans renouvelables sur demande
L Pour résidents courte durée (de 4 mois à moins d’un an)   Fixée par le contrat de travail
C Pour les personnes ayant séjourné en Suisse pendant 5 ans Avec ou sans activité professionnelle Indéterminée
G Pour les frontaliers Vous rentrez chez vous au moins une fois par semaine Durée du contrat de travail si celui-ci est inférieur à 1 an.   5 ans renouvelables pour les contrats supérieurs à 1 an.

Quelles sont les démarches administratives pour obtenir un permis de travail ?

Si vous êtes Français, vous bénéficiez de l’accord sur la libre circulation des personnes.

Votre futur employeur établit la demande de permis auprès de l’Office cantonal référent, mais vous pouvez également effectuer cette démarche.

Finalement, après 12 ans de vie en Suisse, vous pourrez demander la double nationalité franco-suisse pour postuler à des emplois publics.